Un caricaturiste de la meilleure veine dans la presse flamande (1) s’est inspiré d’une déclaration fameuse de Bart De Wever, « Il faut tout effacer…Repartir de zéro… » pour représenter nos personnalités politiques en hommes de la préhistoire vêtus de peau de bête, le roi compris. Et De Wever avec un gros gourdin.
Bart De Wever : Le Cameron de Flandre ?
Ce gourdin est celui du libéralisme de choc. Alléché et inspiré par l’exemple des Cameron, Rutte, Merkel, de l’histrion Berlusconi, et bien sûr du Bonaparte de l’Elysée, le César de la NVA ne rêve que d’imposer à la Belgique entière un programme liquidateur de pans entiers de notre système de Sécurité sociale. D’où la persévérance qu’il met à saboter la négociation à sept partis, un axe situé trop au centre à son gré.
Le pas en avant de la FGTB-ABVV.
Nous ne parions donc pas un kopek sur le succès de la médiation Vande Lanotte. Sans avoir été sous la table au restaurant Bruneau, on peut deviner aisément qu’entre Reynders et De Wever, le courant passait bien. On se mettrait d’accord sur les broutilles communautaires avec lesquelles on amuse la galerie, genre BHV, et on mettrait le cap à droite toute !
C’est le mérite de l’ABVV-FGTB d’entamer une campagne pour montrer ce que signifie la régionalisation de l’impôt des personnes physiques : la mise à mal de la Sécu, le dumping social et fiscal entre le nord et le sud du pays. Mais ce ne doit être qu’un premier pas, il faut, en partant de l’exemple détestable de la NVA, transformer l’affrontement communautaire ou prétendu tel (Nous ne voyons personne dans les rues pour manifester sur ce thème, les gens sont indifférents ou désabusés…) en bataille sociale anticapitaliste, par la radicalisation des luttes trop fragmentaires contre les pertes d’emploi. En brandissant le drapeau des réformes radicales au niveau européen et international, face à des dirigeants tétanisés par les marchés financiers. (L’Europe fonce dans le mur, les économistes les plus lucides le voient bien).
Rudi De Leeuw, président de la FGTB - ABVV : une dénonciation
ferme du danger nationaliste, pour sauver l'Etat social
La campagne de la FGTB-ABVV doit être relayée au moins par la gauche du SPa, par les éléments les plus lucides de la démocratie -chrétienne flamande, par Groen. Au SPa, Frank Vandenbroecke a mis à mal les chiffres des nationalistes, montré qu’ils appauvrissent massivement la Wallonie. Mais le syndicat chrétien flamand, lui, se montre frileux face à la NVA, n’ose pas l’attaquer de front.
Ajoutons qu’il faut mettre le petit bourgeois nationaliste flamand devant cette évidence que la Flandre « autonome » ne se portera pas mieux avec le programme de la NVA. Que ce programme ne sauvera pas son épargne !
Et d’abord persuader tous les salariés. Car, à supposer un gouvernement formé, que fera-t-il sinon mette au point un programme dit de rigueur qui aggravera encore les inégalités sociales ? Il faut avoir le courage, notamment, de préférer une hausse des prélèvements fiscaux sur les couches aisées de la population à des coupes dans les dépenses publiques qui feront mal à l’emploi, à l’hôpital, à l’école.
Changeons de langage, de style, opposons un « populisme » de gauche au populisme de droite, cessons de balbutier des demi- vérités et de nous cantonner dans la politologie en chambre ! Il faut sortir de la « prudence », réveiller les gens, élargir le front des luttes sociales à cet imbroglio du politico-communautaire.
Et donner des coups de gourdin au primitif !
Jean Lafont
(1) Dans « Het Laatste Nieuws ».