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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 10:34

 

D’abord, sortir Sarkozy !

 

S’il est un plaisir qui semble à portée de main pour la gauche européenne, c’est la défaite de Sarkozy. Mais il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Le président sortant a donné dans sa campagne un coup de barre non pas seulement « à droite », mais carrément en direction de l’électorat du Front national : une plongée dans le populisme de droite, en flattant les préjugés et les peurs d’une supposée « majorité silencieuse », et en tout cas des couches les moins politiquement éduquées.

 

L’ « appel au peuple », il est vrai, est dans la grande tradition bonapartiste, celle du plébiscite. Les deux Napoléon l’ont pratiquée. Le mot est une abstraction, pour la gauche comme pour la droite. Tout autocrate se doit de  s’identifier au « peuple », à la « nation », pour couvrir son autorité d’une légitimité autoproclamée.

 

Et telle est bien la conséquence ultime du système de l’élection directe d’un président de la République à forts pouvoirs, instauré par De Gaulle pour lui. Un système presque unique en Europe, et qui dans l’Allemagne des années trente a conduit Hitler au pouvoir via Hindenburg.

                                                                            

L’homme qui écrivait sans rire en juillet 2006 qu’il voulait « une présidence moins monarchique » a transformé ses ministres en élèves d’une classe d’école primaire, sans cesse tancés. Il a détruit ce qui subsistait de l’équilibre des pouvoirs en France, et abusé des moyens de pression de l’Elysée comme aucun de ses prédécesseurs ne l’avait fait auparavant. Il a été « le président des riches » sous les langages les plus variés, avec une forte tendance aux rodomontades.

 

Le système électoral de l’élection présidentielle à deux tours fonctionne comme la guillotine. Plus il y a de candidat en lice, plus la dispersion des voix au premier tour est inévitable. En 1995 et en 2002, les trois premiers arrivés en tête se situent entre 16 et 24 pour cent. C’est ainsi que Jospin a été éliminé. Cette conjoncture ne devrait pas se reproduire, mais…

 

Si la gauche gagne…

 

 François Hollande, comme candidat du PS, est bien sûr le seul qui puisse battre Sarkozy. Mais on ne rejouera pas 1981, une euphorie qui dura deux ans, dissipée par « l’Europe ». S’il a un charisme de rassembleur, dans un style plus bonhomme que Mitterrand, le rôle risque d’être un peu creux. Ce que l’on retient de son programme, d’ailleurs distinct de celui du PS, est d’abord qu’il répartirait plus équitablement le poids de la charge fiscale, et consacrerait à l’enseignement des moyens mis à mal par la réduction des dépenses publiques. Que son élection, au niveau européen, puisse être le point de départ d’un recentrage au centre-gauche de « l’Europe » reste à démontrer. Cela se jouera surtout en Allemagne…

 

 Le Front de gauche sert d’aiguillon. Jean-Luc Mélanchon est issu du parti socialiste, où il militait de longue date dans des courants de gauche stérilisés par les ambitions individuelles. Il faut assumer pleinement le type de « populisme » qui l’oppose frontalement à Marine Le Pen en milieu ouvrier. Et à toute l’eurocratie libérale.

 

Plus que toute autre, cette campagne électorale est polluée par les sondages, qui ne sont jamais que des instantanés, des photographies floues, des reflets de « l’opinion » sous le coup d’une émission de TV ou d’un « coup » politico-médiatique. Non sans effets pervers sur les intentions de vote réelles. S’en méfier absolument. 

 

Robert Falony                                       

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