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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 18:27

Nous sommes tous politiquement suspects.

 

Tout régime anti-social porte atteinte aux libertés. C’est une constante de l’histoire. En Belgique, la tendance s’affirme de plus en plus.

 

Ainsi (Belga 23/10/2010), les policiers et agents de quartier recevront dès fin 2011 une formation, ainsi qu'un manuel, pour rapidement déceler les comportements radicaux, et lutter ainsi contre le terrorisme. Ce manuel, dont la création a été annoncée jeudi à l'occasion d'une conférence de haut niveau à Anvers sur la radicalisation et le terrorisme, verra le jour à l'initiative de la Belgique et de dix autres pays européens.

En dehors de quelques exemples quelque peu loufoques – ceux qui portent un tee shirt marqué « 4/20 » ne sont pas des étudiants médiocres, mais des néo-nazis qui fêtent l’anniversaire d’Adolf Hitler (le 20 avril), il n'y a aucune raison de mettre en route de pareilles mesures sinon la volonté de renforcer la démocratie surveillée.

« La radicalisation prend toujours du temps », a ajouté Mme Turtelboom. « Nous devons être capable de le déceler dans cet intervalle. Les agents de quartier doivent être les yeux et les oreilles de la société ».
 
Pour l'heure, seule une version anglaise de ce manuel est prête. En Belgique, il devrait être diffusé à 25.000 ou 30.000 exemplaires au sein du corps de police. Les autres pays participant à ce projet sont l'Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Grande-Bretagne, la Finlande, la Suède, le Danemark, Chypre, la Hongrie et la Lettonie.

Autrement dit les agents dits de série ou de quartier auront pour mission le fichage des personnes politiquement suspectes !

Une autre atteinte potentielle aux libertés est dénoncée par la Ligue des Droits de l’Homme. Elle s’inquiète de l’usage que l’on peut faire de la carte « Mobib », carte électronique individuelle servant de titre de transport à la STIB qu’il faut « pointer » à chaque montée dans un véhicule de cette société. Ainsi, sont enregistrées plusieurs informations à caractère privé : nom, prénom, adresse, heure du voyage, numéro du véhicule, etc. Ces informations peuvent servir à analyser vos déplacements en vue d’enquêtes éventuelles à votre égard, sans, bien entendu, que vous en soyez informé. D’autre part, la LDH craint que l’on place sur le parcours des manifestations syndicales ou politiques, des enregistreurs de cartes « Mobib » qui pourraient ainsi permettre aux services policiers de connaître l’identité des manifestants.

Il paraît que nous vivons dans le monde libre…

Le néolibéralisme affine sa stratégie

La livraison du « Courrier international » de cette semaine (n° 1038 du 23 au 29 septembre 2010) dont le thème est « l’Etat Providence », publie un article édifiant de l’éditorialiste économique du Times, Anatole Kaletsky. Qui est-ce ? Kaletsky est né en 1952 à Moscou, a passé sa jeunesse en Pologne pour ensuite rejoindre l’Australie. Depuis 1966, il a vécu entre les USA et le Royaume Uni. Il a fait des études d’économétrie à l’Université de Cambridge, puis à l’Université de Harvard pour devenir journaliste à The Economist et au Financial Times, avant de travailler pour le Times lui-même. Ainis, Anatole Kaletsky a fait le parcours classique de la « tête d’œuf » du néolibéralisme. Ajoutons que son enfance en URSS et en Pologne l’a profondément marqué et que, comme ses congénères, son anticommunisme s’est transformé en une adhésion totale aux thèses politiques et économiques du néolibéralisme.

Dans son article, Kaletsky a pour premier objectif, la réduction drastique des dépenses publiques accompagnée d’une hausse des impôts et des prestations sociales, pour résorber la dette publique. Il ne précise évidemment pas quelle catégorie sociale sera le plus touchée par la hausse des impôts et des cotisations sociales, mais il est beaucoup plus disert sur les dépenses publiques à réduire.

Il écrit : « L’expérience montre (…) que les transports, les routes, les compagnies d’énergie fonctionnent généralement mieux quad ils sont privés ». Tiens, on ne s’en est pas aperçu ! « L’Etat doit toutefois les encadrer, de manière à atteindre certains objectifs d’intérêt général. » Il préconise de créer un impôt sur la pollution, subventionner non plus les transports publics, mais l’accès de certains usagers aux transports en commun, etc. Autrement dit, l’Etat se transformerait en un immense CPAS qui soulagerait les frais d’utilisation des services dits d’intérêt général aux plus démunis. Aux orties, le principe de solidarité des systèmes de sécurité sociale et dans les « anciens » services publics !

Education, retraites, soins de santé : dépenses publiques = zéro…

Mais, c’est ici que l’on voit une stratégie plus fine, donc plus insidieuse : Kaletsky n’use plus du ton agressif de ses prédécesseurs comme Hayek ou von Mises, des gouvernants ultralibéraux de Thatcher à Blair (mais oui !), des baby Thatcher comme Reynders et Sarkozy ainsi que de Reagan à GW Bush. Kaletsky se préoccupe du sort des plus démunis. Enfin, jusqu’à un certain point : « Mais ce sont là des questions secondaires par rapport au principal défi que doivent relever les gouvernements : comment réduire les prestations liées à la santé, aux retraites et à l’éducation [primaire et secondaire] qui engloutissent environ 70 % des recettes fiscales de tous les pays développés ? »

Pour y arriver, c’est très simple : la privatisation. Pour l’éducation, prévoit-il, cela ne présentera pas de difficultés majeures puisque ce secteur « va connaître une plus grande concurrence et un plus fort investissement. ». C’est évidemment le secteur de la santé qui doit faire l’objet d’une offensive « privatisatrice » ! Cependant, Kaletsky, dans le cadre de la nouvelle stratégie, reconnaît que le système privé de santé américain – pas un mot de la réforme Obama ! – est  moins efficace que le NHS britannique (National Health Service, le service public de santé) tant décrié par les néolibéraux que ni Thatcher, ni Major, ni Blair n’ont réussi à privatiser ! En effet, les dépenses de santé aux USA représentent 18 % du PIB alors qu’elles prennent 9 % en Grande Bretagne, 11 % en France, alors que le taux de survie aux cancers et aux maladies cardiovasculaires est inférieur à la moyenne de l’OCDE aux USA et que ceux de la Grande Bretagne et de la France sont largement supérieurs à cette moyenne. Et, en dépit de ces évidences, Kaletsky souhaite la réduction substantielle des dépenses de santé. Son raisonnement est révélateur de « l’humanisme » néolibéral.

A la poubelle, les vieux !

« Pour la plupart des pays, » écrit Kaletsky « la réaction rationnelle à la crise budgétaire serait de reconnaître que les engagements pris, envers les baby-boomers vieillissants, en matière de couverture médicale et de retraites ne peuvent tout simplement plus être honorés dans leur intégralité. » Il prévoit l’effondrement des autres services publics si l’on maintient les choses en l’état.  Et pour l’éditorialiste du Times : « De bons établissements scolaires et des universités abordables comptent plus pour la prospérité future et pour la justice sociale que les hôpitaux, lesquels prennent surtout soin de citoyens vieillissants dont la contribution économique est réduite alors qu’ils représentent le groupe démographique le plus riche de la société. ».

En clair, à la poubelle, les vieux ! Et piquons leur pognon !

Enfin, Anatole Kaletsky cultive le paradoxe en affirmant : « La gauche devra alors faire campagne en faveur de la privatisation partielle de la santé. Et ce seront les conservateurs qui défendront avec la plus grande véhémence la responsabilité de l’Etat dans ce domaine, en se servant de l’augmentation inexorable des dépenses de santé comme d’un cheval de Troie pour renverser tous les autres programmes publics. »

Tout le néolibéralisme est là. « TINA » (There Is No Alternative) et la haine de l’Etat que l’on pourrait traduire par le rejet de la solidarité et du contrôle démocratique des dépenses et de la gestion des services publics.

Espérons que la gauche démocratique ne sera pas séduite par le chant de ces sirènes.

Pierre VERHAS

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