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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 12:20

Le samedi 20 novembre, les « Brink’s » (du nom d’une multinationale américaine de transports de fonds dont le siège est à Richmond en Virginie) en grève depuis le 28 octobre, se sont prononcés à une large majorité en faveur de l’accord entre les administrateurs provisoires et les organisations syndicales. Cet accord prévoit la sauvegarde du statut des travailleurs (les contrats de travail d’employés ne seront pas réduits aux contrats d’ouvriers), le maintien de l’emploi jusqu’à la reprise de Brink’s par un ou des autres opérateurs et l’octroi des indemnités de ruptures prévues par la loi sur le contrat de travail en cas de licenciements de la part de l’éventuel repreneur.

 

brinks_faillite.jpg

 

Une tentative de hold up qui a échouée !

 

Que s’est-il passé ? Le 13 novembre, suite à un Conseil d’entreprise extraordinaire qui tourna court, la direction de Brink’s décida de faire aveu de faillite auprès du Tribunal de commerce de Bruxelles. L’actionnaire principal a systématiquement refusé la concertation sociale et tenta d’appliquer son plan : plier bagage,en vendant sa division la plus rentable, celle de transport de diamants dont le siège est à Anvers. On appelle cela une délocalisation. Cependant, la Belgique n’est pas (encore) le Far West. Il y a des règles à respecter. Il y a une loi dite Renault (en référence à Renault Vilvorde) qui oblige l’employeur à informer les travailleurs de ses projets, il y a les plans sociaux et il y a surtout – et c’est la raison du conflit chez Brink’s – le respect du statut des travailleurs. Le cow-boy de Richmond n’a pas réussi son coup. Que s’est-il passé ?

 

La grève déclenchée le 28 octobre avec occupation du site de Strepy – Thieu, le seul site wallon parmi les quatre de Bink’s Belgique, ayant pour objet le maintien du statut d’employé, s’est durcie suite au refus de toute concertation de la part de l’employeur. Pour en sortir, il fit aveu de faillite. On évoqua même une faillite frauduleuse, volontairement provoquée. Le Tribunal de commerce n’a pas suivi la demande de Brink’s et a désigné deux administrateurs provisoires : le curateur Alain Zenner, ancien parlementaire MR, qui eut maille à partir avec les syndicalistes de Forges de Clabecq et le réviseur d’entreprises Gérard Delvaux. Exit donc la multinationale Brink’s. Cependant, la décision du Tribunal annule tous les actes posés depuis la fin juin par les administrateurs de Brink's Belgium. De plus, la vente de la division transport de diamants d’Anvers à une filiale de Brink’s devient donc caduque. Une telle situation pose la question de l'attitude qu'adoptera le groupe Brink's sur qui pèsent des soupçons d'abus de biens sociaux.

 

brinks2.jpg

 

Une détermination sans faille qui a payé.

 

 

L’accord intervenu entre les administrateurs provisoires et les organisations syndicales est adopté à une large majorité dans les quatre sièges de Brink’s Belgique. Le travail reprend lundi 22.

 

Cela n’est pas terminé pour autant. Deux repreneurs se sont manifestés et sont considérés comme « sérieux ». Les administrateurs provisoires déposeront soit lundi, soit mardi une requête en réorganisation judiciaire en vertu de la loi du 31 janvier 2009 sur la continuité des entreprises. Le but de l’opération consiste à positionner l’entreprise en vue d’une reprise et, à court terme, à lui permettre de franchir un cap difficile. Faudra-t-il passer ou non par la faillite ? Alain Zenner n’en fait pas mystère. Il ajoute même que le repreneur, après la déclaration de faillite, aura toute latitude pour réengager les travailleurs de Brink’s sous le statut d’ouvriers.

 

zenner.jpg

 

Alain Zenner a-t-il tiré les leçons des Forges de Clabecq ?

  

Que conclure de cette lutte, à ce stade ? Les travailleurs ont réussi à maintenir le rapport de forces et obtenu le maintien de leur statut et le respect de la loi sur le contrat de travail. Néanmoins, une épée de Damoclès est pendue au dessus de leur tête : que fera le repreneur ?

 

Ce genre de conflit de délocalisation qui touchait d’abord les secteurs industriels, atteint dès à présent le secteur des services. Il est évident que derrière cela, c’est non seulement le système de concertation sociale, mais aussi l’ensemble des acquis sociaux qui sont en cause. En cela, le conflit chez Brink’s est exemplaire, mais il constitue aussi un sérieux avertissement à l’ensemble du monde du travail.

 

PV

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