Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 11:25

  

                 La déflation salariale compétitive…

 

En novembre, la seule bonne nouvelle est venue des Etats-Unis. Ce n’était pas un choix entre la peste et le choléra, mais entre la peste et la grippe. A preuve, la réélection d’Obama a été mal perçue par Wall Street. 

 

En Europe au temps de Mitterrand,  il avait fallu deux ans aux socialistes français pour effectuer « le tournant de la rigueur » au nom de l’Europe (la non Europe, lire le manifeste de Verhofstadt et Cohn-Bendit, sous cet angle-là). Cette année, il n’aura fallu que six mois à François Hollande pour officialiser son ralliement à la politique dominante monétariste de Mme Merkel, dès lors qui avait renoncé à renégocier le paquet budgétaire. On peut à peine le lui reprocher : on ne peut pas demander à un social-démocrate d’agir comme un socialiste.

 

Ce que veut dire « choc de compétitivité »…

 

Puisqu’on ne peut plus dévaluer la monnaie du fait de l’euro, le « choc de compétitivité » invoqué sous nos latitudes ne peut prendre d’autre forme que celle de la déflation salariale compétitive. Pour mieux exporter, il faut réduire le pouvoir d’achat des ménages. Du point de vue « grand public », que cette perte de pouvoir d’achat se fasse en Belgique sous la forme d’un saut d’index ou d’une hausse de la TVA aboutit au même résultat, sauf que le saut d’index est une confiscation, tandis que le consommateur a toujours la liberté de moins consommer.

 

 La liste est  interminable des suppressions d’emplois : Duferco, Ford Genk, Photo Hall, Dow Chemical, HP, Arcelor Mittal, Staples, Colgate, Philips. Dans la plupart des cas, il s’agit de la stratégie des firmes multinationales dans le cadre de la récession, au mieux de la stagnation. Les banques suppriment des agences, comme ING, se font recapitaliser par l’argent public comme Dexia ; et Belfius, banque « nationalisée », affiche l’intention de se séparer des plus âgés, au mépris de la politique officielle : il faut prolonger la vie active ! 

 

Jamais la pression à la baisse des salaires n’a été aussi forte, aussi brutale, aussi cyniquement avouée. C’est parfois un véritable chantage : « Ou bien vous acceptez la réduction des charges salariales, ou bien ce seront des réductions d’emplois ». Renault a ainsi négocié en Espagne en invoquant les  salaires roumains de sa branche Dacia !

 

Budget 2013

 

Au terme d’un bras de fer entre droite et gauche du gouvernement, nous échapperons aux mesures budgétaires radicales. Reconnaissons que le PS s’est battu pour maintenir l’indexation (La FGTB dans les reins). Pas de hausse de la TVA non plus. Mais pas d’impôt extraordinaire de crise, une mesure qui n’a rien d’antisocialiste. En échange, au titre de la loi sur la compétitivité, la droite obtient le blocage des salaires pour deux ans : il n’y aura pratiquement plus rien à négocier entre partenaires sociaux… La « relance » ? Des cacahuètes.

 

 Que ce budget 2013 - qui va réserver bien des surprises désagréables à travers les coupes et coups de frein dans la plupart des départements- soit celui du « moindre mal », ce n’est pas l’affaire. Toute cette politique va échouer. Le capitalisme se débat dans ses contradictions. La gauche politique et surtout syndicale doit réhabiliter le dirigisme en économie, cesser de prêter à l’économie de marché des vertus qu’elle a de moins en moins. Les vrais tabous : non pas l’index, mais la libre circulation des capitaux, mais la sacralisation de la dette publique, qui a besoin d’être « consolidée », revue et corrigée. Sans doute faudra-t-il que la « crise » prenne une tournure bien plus grave pour y arriver ? 

 

Robert Falony

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de osons le socialisme
  • : Blog de gauche d'analyse et de débat sur l'actualité et l'avenir du socialisme en Belgique et dans le Monde. Blog ouvert à tous pour un débat critique et courtois
  • Contact

Recherche

Liens