L’Israël pour qui la paix n’est pas une priorité…
La médiacratie de masse aidant, il y a eu une nouvelle guerre entre Israël attaqué à la roquette et « Gaza » bombardé en représailles. C’est un peu court, mais suffisant pour la plupart de ces manifestants de fin novembre à Bruxelles, qui, les uns, sont pour le soutien inconditionnel à Israël, jusqu’à une guerre mondiale s’il le fallait ; et, les autres, sous le drapeau d’Allah qui est grand, sont dans la rue moins pour la Palestine que pour leur religion et leur identité.
Saluons d’abord le vote de la Belgique en faveur d’un Etat palestinien toujours en gestation, en admettant que ce vote positif d’une majorité d’Etats européens doit quelque chose à François Hollande. Pour le reste, c’est toujours la non Europe…
Israël, qui doit son existence à l’Onu, ne fera aucun pas vers la solution des deux Etats, refuse les frontières de 1967 même aménagées, et entend poursuivre la colonisation des territoires occupés, grignotant d’année en année le maigre espace de la population palestinienne. La droite, au temps de Sharon, a coupé la route des accords d’Oslo. Et maintenant il s’agit de l’extrême -droite, celle d’Avigdor Lieberman, avec qui le Likoud de Netanyahou fait liste commune en vue des élections du 20 janvier.
La raison principale de l’attaque sur Gaza, ce ne sont pas des tirs de roquettes qu’il ne faut certes pas approuver, mais ces élections que la droite la plus « dure » entend gagner. Et au-delà, la préparation de la guerre préventive contre l’Iran, que l’administration Obama, bien que prisonnière du puissant lobby sioniste aux Etats-Unis, a réussi jusqu’ici à éviter. La défaite de Romney a été pour Netanyahou une déception notoire. Quant au Hamas, le diaboliser en paroles est une chose. En fait, le Hamas est un bon alibi pour la droite au pouvoir, dont le principal ennemi est l’Autorité palestinienne.
Pour Mahmoud Abbas, totalement discrédité par son impuissance, il n’y avait que deux voies possibles : l’une eut consisté à dissoudre l’Autorité palestinienne, en cessant de payer tant bien que mal ses fonctionnaires et ses forces de police, et à laisser au gouvernement israélien la charge de gérer seul la population des territoires occupés. L’autre a été de se battre sur le seul terrain qui lui est favorable : la diplomatie au niveau de l’Onu. Lieberman ne s’y est pas trompé, qui l’appelle « un terroriste diplomatique ».
La joie avec laquelle les Palestiniens ont accueilli cette toute petite victoire politique en dit long sur l’état de désespoir où ils sont réduits…Quant à « négocier sans conditions », chacun sait que c’est une farce quand il n’y a rien de consistant à négocier…
Le jeu égyptien
Plus proche en paroles de la cause palestinienne, le nouveau président égyptien Morsi n’a en fait rien changé dans les rapports entre l’Egypte et la bande de Gaza : le seul point de passage reste celui de Rafah. Le successeur de Moubarak -c’est bien ainsi qu’on peut l’appeler- demeure trop dépendant de l’aide américaine.
Sur le plan intérieur, il est clair que la gauche révolutionnaire, libérale, laïque, socialiste, a été roulée dans la farine par les Frères musulmans. Son erreur a été de ne pas chercher des alliances avec des secteurs de l’armée. Maintenant, les Frères, dont le visage « modéré » est à l’intention des capitales et de l’opinion occidentale, révèlent leurs vraies ambitions : s’approprier la totalité du pouvoir, et imposer une Constitution islamiste. Cependant, le rapport des forces entre dirigeants et dirigés a un peu changé, et leur incapacité à répondre aux besoins sociaux de la population entame leur capital de crédibilité et d’adhésion.
Robert Falony
