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5 mai 2013 7 05 /05 /mai /2013 22:37

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Italie : la « démocratie » falsifiée…

 

La gravité de la crise politique italienne n’a pu échapper à personne. Les élections législatives des 24 et 25 février n’ont dégagé aucune majorité, et, pire, elles ont remis Berlusconi en selle. Faute de pouvoir contrôler le Sénat, la gauche démocratique de Bersani n’a pas pu constituer un gouvernement, à cause de l’attitude brouillonne du « mouvement cinq étoiles » de Grillo, qui est de moins en moins un « comique »…Cette gauche a échoué même à faire élire un président de la République. La seule issue pour éviter la crise de régime a finalement été la reconduction à 87 ans de Giorgio Napolitano. C’est donc lui le fil auquel est suspendue la démocratie parlementaire et bourgeoise…

 

Grillo : un gourou ou un quart de fasciste ?

 

On avait quelques raisons de juger avec la plus grande compréhension la « dure leçon » infligée à la « classe politique » italienne par cet homme de meetings, et de voir dans son mouvement un antidote au populisme droitier de Berlusconi et de la Ligue du nord. Mais il a vite fallu déchanter.

 

Quand on dit qu’il n’y a pas de différence entre la gauche et la droite, en l’occurrence entre Bersani et Berlusconi, alors on est de droite. Et quand on fait élire 109 députés et 54 sénateurs, on fait de la politique, même sans le savoir, comme monsieur Jourdain de la prose. Le plus minus des stratèges aurait vu l’opportunité de soutenir de l’extérieur, sans participation et en votant à la carte, un gouvernement du Parti démocrate. Grillo a-t-il vraiment cru pouvoir faire exploser le système ? En tout cas, il a réintroduit dans le jeu Berlusconi, cet affairiste bouffon, le Mussolini de notre époque. Et puis, il aurait parlé un instant de « marche sur Rome », fâcheuse évocation de celle de 1922 ! Enfin, ce gourou aurait une éminence grise, du nom de Casaleggio, voir « Le Monde » du 13 avril, un personnage gérant de la télécommunication.

 

Ces gens rêveraient de diriger l’Italie sur Internet, ce qui permet d’évoquer le cas du mouvement « Pirate » en Allemagne, libertaire mais pas anticapitaliste.

 

Enrico Letta : du Monti bis ?

 

Le vieux président a trouvé l’homme qu’il fallait dans cette pénible conjoncture, un hybride, un centriste, du PD mais avec un passé démocrate-chrétien, et à la fois assez catholique et assez « européen ». A 47 ans, Enrico Letta  a constitué vite fait bien fait une équipe « jeune » et féminisée, de quoi « rassurer les marchés », qui comptent sur un Monti bis, dosant « austérité » et « relance », la nouvelle recette magique des économistes à la mode. On a beau préférer les thèses classiques de Keynes à la politique inspirée par l’Allemagne, elles ne résoudront pas la contradiction fondamentale entre « relance » et économies budgétaires, inhérente au capitalisme lui-même.

 

Grâce à Grillo, le numéro deux du nouveau gouvernement italien est donc un proche de Berlusconi, Alfano. Quant au nouveau ministre de l’économie, Fabrizio Saccomanni, c’est un homme du sérail des banquiers centraux. C’est lui qui aura pour tâche de combattre la récession avec un ratio de dette publique de 127 pour cent du produit brut…

 

Ce gouvernement risque donc de s’user aussi rapidement que l’équipe Monti, avec l’inconvénient de compromettre encore davantage le centre gauche, tandis que Berlusconi, du dehors, restera en embuscade. Quel gâchis !  

 

 

Robert Falony

 

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