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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 18:10

Parlement européen: glissement global à droite

 

Un siècle après la folie des nationalismes qui plongea l'Europe dans le cauchemar d'une guerre criminelle de quatre ans, le nationalisme se porte bien. Les élections européennes de la fin mai ont été marquées par une poussée de repli sur la "patrie" et la "souveraineté nationale", de xénophobie, voire de tentation fasciste. L'Europe officielle, celle du Conseil des ministres et de la Commission, en est la première responsable: c'est sa politique du carcan budgétaire et des "sacrifices nécessaires" qui a jeté, comme en France, les populations les plus défavorisées dans le camp du Front national, ou simplement dans l'abstention, plus massive encore en Europe de l'Est. Le problème des "dettes souveraines" est en réalité celui d'une partie au moins de leur effacement, d'une manière ou d'une autre.  Mais les gouvernements s'apprêtent à poursuivre la même politique qui a si bien fait la preuve de son échec.

 

La gauche radicale ne progresse pas à la mesure de la "crise".

 

Dans le nouveau Parlement européen, le PPE conservateur et la social démocratie perdent globalement des sièges mais gardent leur suprématie. En Espagne, la politique dominante a été durement sanctionnée, et le PSOE n'a nullement profité d'être dans l'opposition. Par contre, la gauche radicale y fait une belle percée, avec le parti rouge-vert et les "Indignés".

 

En France, l'UMP et le parti socialiste tombent au plus bas au profit du Front national. Contre-performance du Front de gauche avec seulement trois sièges, 13 au PS (sur 74).

 

 La gauche italienne a tiré son épingle du jeu avec Renzi, homme nouveau, qui distance le démagogue Grillo. "Die Linke" se maintient en Allemagne. Grâce au  grand succès de Syriza  avec Alexis Tsipras en Grèce, la gauche radicale progresse d'une dizaine de sièges dans le nouveau Parlement. Par rapport à la gravité de la "crise", cela indique clairement qu'elle doit clarifier ses positions et propositions,  et souffre d'un manque de crédibilité. Il ne doit rien y avoir de commun entre elle et les europhobes. La sortie de la zone euro, en particulier, est un objectif nationaliste et réactionnaire.

 

 A la rédaction de cet article, on ignore encore si Marine Le Pen réussira à construire "son" groupe dans le nouveau Parlement: il faut que sept pays soient représentés. Par définition, les  courants nationalistes sont rivaux et ombrageux, et les nazis grecs, pour prendre cet exemple, sont infréquentables, comme les antisémites hongrois de Jobbik.

 

Le Parlement plutôt que le Conseil des ministres !

 

Ce glissement global vers la droite déforce le courant fédéraliste en tant que tel. On le voit bien avec la candidature Juncker comme président de la Commission. Ce conservateur luxembourgeois est censé être soutenu en bloc par le PPE, première force du Parlement. Mais la retorse chancelière allemande semble prête à abandonner l'homme de son propre parti, face au refus du Premier ministre britannique Cameron, qui court derrière l'europhobe Nigel Farage (UKIP),  grand vainqueur du scrutin avec 27,5% des voix.

 

La double lecture du traité de Lisbonne sur le choix du président de la Commission, "en tenant compte du Parlement" n'est pas une question dans laquelle la gauche peut renvoyer les uns et les autres dos à dos. Car c'est le Conseil des ministres qui s'identifie le plus à la politique qu'elle dit condamner. Restera à savoir si le Parlement peut avoir le courage de "recaler" un candidat de compromis choisi par le Conseil... 

 

 

Robert Falony

(3.6.2014)

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