Dégâts collatéraux
On s’en doutait ! Les révélations de l’ex analyste de la NSA, le courageux Edward Snowden, allaient déclencher un séisme. Eh bien ! C’est fait ! Et il a surmonté de loin l’échelle de Richter… L’inamovible Premier ministre luxembourgeois – il sévit depuis dix-huit années – et aussi ancien président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, est obligé de faire une vraie fausse sortie.
Suite aux révélations sur les indiscrétions des services secrets luxembourgeois qui sont sous sa tutelle, il a bien dû remettre son tablier et demander au Grand Duc de procéder à des élections anticipées. Tout cela, parce que les socialistes de son gouvernement l’ont lâché. Au passage : pas très malin de leur part. L’électeur ne pardonne jamais au parti qui a fait chuter un gouvernement.
Jean-Claude Juncker l'ex futur Premier Ministre du GD de Luxembourg
Mais le plus amusant, voici ce que les fouineurs d’ATTAC France ont découvert. Nous vous le livrons tel quel (sous la plume de Jacques Cossart) :
« Le 11 juin 2013, Monsieur Juncker, président de 2005 à janvier 2013 de l’Eurogroupe - assemblée des ministres des finances de la zone euro - déclare :
"Ce n’est pas nous qui avons déclenché la crise, c’est les États-Unis, où la crise économique est née de la trahison des principales vertus de l’économie sociale et de marché. Nous avons toujours suivi les gourous et nous sommes dans la situation où nous sommes aujourd’hui".
Plein de compassion, le même personnage déclarait à Singapour en novembre 2012 "Nos amis grecs n’ont pas d’autre choix [...] et mon impression est que les réformes qui sont mises en œuvre en Grèce sont de mieux en mieux comprises par les citoyens grecs".
Devant pareils personnages, il n’est pas le seul en effet, on s’interroge toujours pour savoir si c’est le mépris ou l’incompétence qui le disputent à une naïveté inouïe. »
Disons : les deux !
La berlusconisation de Sarkozy
Encore un vrai faux retour ! Depuis que la Cour constitutionnelle française a rejeté les comptes de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, l’ex fulmine parce que son instrument politique, l’UMP, est en faillite. Bon. Le « Canard enchaîné » révèle que Sarkozy a reçu en son cabinet les avocats de l’UMP, les représentants des banques créancières et les « dirigeants » de ce parti. On est arrivé à un accord d’étalement de la dette, mais l’UMP est dans l’incapacité d’honorer la première échéance au 31 juillet. Aussi, Sarkozy a lancé sa campagne d’appel de fonds (A vot’ bon cœur pour sauver l’UMP et accessoirement me donner la possibilité de me représenter en 2017). Des facétieux ont appelé cela le « sarkothon ».
Nicolas Sarkozy inspiré par son "maître" Silvio Berlusconi ?
Mais, le Sarko, il n’a pas arrêté de perdre depuis son élection à la présidence : les municipales, les régionales, l’élection présidentielle, les législatives. Voici qu’il perd le pognon de ses bons amis !
Et, au lieu de faire profil bas, car il traîne pas mal de casseroles qui commencent à déborder, il plastronne. Vraiment ! L’ex a bien retenu les leçons de son maître Silvio Berlusconi…
La fuite en Egypte
Les événements d’Egypte ont fait sortir de sa réserve le Ministre belge des Affaires étrangères, le très néolibéral Didier Reynders. Il a déconseillé aux touristes belges de se rendre dans le pays des Pharaons. Jusque là, rien de bien original. Il a étendu sa mise en garde aux zones touristiques du golfe d’Akaba où l’on n’a recensé aucun désordre. Et il n’a pu s’empêcher d’ajouter : « Comme père de famille, je n’accepterais pas d’envoyer ma famille là-bas. »
Didier Reynders n'enverrait pas sa petite famille bronzer au pays des Pharaons.
Tollé des agences de voyages et autres tour opérateurs ! Pas très malin, comme « bon » libéral de se mettre à dos ce secteur de l’économie qui a son importance et qui compte beaucoup de PME. Quelques électeurs en moins, Didier !
La liberté de la presse
La Cour d’appel de Versailles a contraint le site « Mediapart » et le journal « Le Point » de retirer les copies des enregistrements pris clandestinement par le majordome des Bettencourt. Ces documents ont servi de pièces à convictions au procès en cours. Aussi, il y a une contradiction évidente au sein de la Justice française.
La famille Bettencourt (dont les aïeux étaient pétanistes) n'aime pas la liberté de la presse.
Il est vrai que la Cour d’appel de Versailles est composée de magistrats nommés sous la présidence précédente. Y aurait-il un lien de cause à effet ? On n’oserait le penser…
L’utilisation des compétences
Le Parlement européen vient de désigner… Jean-Luc Dehaene comme rapporteur du nouveau projet de budget de l’Union européenne. L’ancien Premier ministre qui a imposé l’austérité en Belgique et qui fut président de Dexia où il n’a pas fini de devoir expliquer la raison pour laquelle il n’a pas réussi à éviter la catastrophe et qui est aussi administrateur d’Inbev (la multinationale brésilio-belge de la bière), a le temps et les compétences pour présenter le budget européen.
Jean-Luc Dehaene cumule compétences et jetons de présence...
On se demande quand le taureau de Vilvorde a le temps de dépenser tout le pognon que lui rapportent tous ses mandats publics et privés.
Un accord hybride
L’accord patrons-syndicats sur l’alignement des régimes employés – ouvriers concernant les préavis fait déjà l’objet de contestations. Les spécialistes du droit du travail affirment que le texte de cet accord est bourré d’erreurs et, dès lors, il ne pourra pas tenir. D’autre part, la CNE – la centrale du syndicat chrétien des employés – rejette l’accord en bloc. Seule la FEB se réjouit. Le SETCa (syndicat des employés de la FGTB) se tait dans toutes les langues. Et le gouvernement fait fi de tout cela : il a adopté l’accord tel quel au « kern ».
Chipoter ainsi avec le droit social s’avérera très vite contreproductif.
Anne : Quid ?
Les trotskystes de la LCR ont dénoncé un texte signé par Anne Demelenne, la secrétaire générale de la FGTB, publié dans le cadre de la campagne « citoyens engagés » de l’Institut Emile Vandervelde (IEV), sous le titre de « l’action commune socialiste ».
Anne Demelenne : peut mieux faire pour l'indépendance syndicale !
Il semblerait que ce texte plus politique que syndicaliste ait en réalité été rédigé par le directeur général adjoint de l’IEV, un cabinetard du nom de Gilles Doutrelepont qui n’a absolument pas la fibre syndicale…
Anne Demelenne et Gilles Doutrelepont démentent, mais ce texte est incontestablement mauvais et ne reflète en rien une position socialiste et… syndicaliste. Jugez plutôt en vous reportant sur le site de l’IEV :
En tout cas, cela fait désordre. Et on se pose la question de l’indépendance syndicale tant revendiquée par Anne Demelenne…
Pierre Verhas